Mais qui est donc cette sacrée Agnès ? Un sacré numéro, nous dit-elle. Un numéro ? Peut-être… Mais c’est avant tout une personne qui a su sortir des sentiers battus. En effet, Agnès a tracé son chemin toute seule, sans autre influence que ses propres intuitions, besoins et désirs.

Mais que fait-elle donc de si extraordinaire ? Des bijoux en résine à inclusions. Elle incruste dans la résine les instants qu’on voudrait éternels. Ce sont donc des bijoux mémoriels. Envoyez-lui quelques poils de votre animal de compagnie, les cendres d’un disparu tant aimé, donnez-lui une mèche de votre petit ange lorsqu’il était encore au berceau, sa première dent, le cordon qui vous reliait à lui ou le lait maternel que vous lui avez tendrement donné, Agnès en fera un bijou-écrin qui recèlera la mémoire des êtres qui vous sont (ou vous ont été) si chers.

Elle confectionne également des abat-jour personnalisés. Vous avez une idée de motif, un modèle qui vous plaît ? En quelques coups de pinceaux, elle conçoit pour votre lampe un projet unique que vous ne retrouverez nulle part ailleurs.

Les créations d’Agnès sont chargées de sens, d’émotions, de sentiments. L’objet qui sort de son atelier est le médium qui transmet ce qui n’est pas palpable : la nostalgie d’un moment perdu, la mémoire d’un corps, d’une personne… Car, en plus de créer des bijoux et des abat-jour, Agnès fait aussi des moulages corporels et mortuaires. Dans cette démarche mémorielle, on peut ainsi figer la forme humaine à un moment de sa vie.

Quels types de moulage peut-elle faire ? Toutes les parties du corps (ou presque) : les mains, le ventre de la future maman, les petits pieds potelés de votre bébé et, pourquoi pas, les abdos de rêves d’un culturiste…

Lorsqu’il s’agit d’une personne décédée, le moulage mortuaire aide lors du douloureux passage du deuil. Bébé ou personne très chère, on peut ainsi se dire « oui, un jour, il a existé et il est encore présent en moi ». C’est une manière de rendre encore palpable l’être que l’on a tant aimé et de faire un travail de mémoire afin d’accepter le passage du temps qui nous sépare de lui.

Sacrée Agnès ? Ça crée… Agnès !

"J’ai toujours fait de la peinture. Depuis toute petite, 5-6 ans, je dessinais avec mon père. Plus grande, ma grand-mère Renée me prenait le mercredi et nous dessinions ensemble. Ma grand-mère avait fait les beaux-arts. Je faisais du dessin, de la peinture et de l’aquarelle avec elle, mais aussi de la musique. Puis vers 14-15 ans j’ai pris moi-même des cours de dessin. Professionnellement, je ne me suis pas lancée dans l’artistique. J’ai d’abord fait beaucoup de métiers et surtout beaucoup de vente dans tous les domaines : animaux, chaussures, fleurs, électro-ménager…

Puis, en 2019, quand je suis tombée enceinte, je cherchais une mouleuse professionnelle pour faire mon buste. J’avais envie d’immortaliser ce moment, de garder en mémoire mon ventre rond. J’avais trouvé quelqu’un pour le faire mais elle était vraiment trop loin et la naissance approchait. Ça m’attirait depuis un moment, cette histoire de moulage, alors j’ai décidé de me le faire moi-même. Mais j’ai accouché avant d’avoir pu le réaliser. Cependant l’idée est restée et maintenant, c'est moi qui propose des moulages aux autres.

Pour les bijoux ? Je suis une autodidacte dans le domaine. J’ai procédé de façon empirique. Pendant plus de trois ans, j’ai procédé par essai-erreur pour pérenniser les bijoux dans le temps. J’utilise de la résine Époxy. Et pour l’insertion, j’ai mes techniques personnelles.

Quant aux lampes, ça m’est venu aussi autour de la naissance de mon enfant. Mon bébé est resté plusieurs semaines en néonatalogie. Pour remercier l’équipe qui était vraiment formidable, j’ai voulu faire un cadeau. J’ai eu l’idée de décorer des petites lampes de chevet que j’avais achetées. J’en ai peint une dizaine. Au service de néonat, ils ont adoré. Alors, j’ai eu l’idée de continuer puis de les commercialiser sur Insta et Facebook. »

Agnès Peyre, cette sacrée Agnès, vous attend dans son atelier de Bogève, dans la Vallée Verte, pour vous accompagner dans ce travail mémoriel par le biais de créations qui ont du sens. Et dans ce monde qui va à toute vitesse, ce n’est pas un luxe, loin de là…

Note de la rédactrice : En accord avec les règles de grammaire française, lorsque cela est nécessaire, la forme masculine est utilisée par défaut et ne prévaut en aucune manière d’une quelconque supériorité du masculin sur le féminin.